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![]() De batailles judiciaires peu glorieuses en négociations acharnées avec l’industrie musicale, le Moz semblait davantage occuper son exil californien à gérer ses petites affaires qu’à écrire des nouveaux classiques de la pop. Mais une tournée mondiale inattendue en 2002 le ramena opportunément en pleine lumière au moment où une nouvelle génération de groupes revendiquait fièrement l’héritage des Smiths. On y découvrait alors des titres inédits, composés depuis son dernier disque déjà vieux de quelques années et surtout une farouche volonté de revenir enfin, puisée au plus profond d’un orgueil mis à mal par ce silence forcé. Parce que la légende ne se serait sans doute pas contentée d’une image de rentier blasé, Morrissey se devait d’offrir un nouveau chapitre discographique. Le voilà donc, imparfait certes mais très attachant et surtout autrement plus réjouissant qu’une retraite dorée. There Is a Light That Never Goes Out Entendons nous bien, « You Are The Quarry » ne changera rien à l’histoire du rock mais ce n’était pas le but du jeu. Si l’objectif par contre était de nous présenter un Morrissey en pleine possession de son mythique talent vocal, ce disque contient assez de panache pour nous rassurer totalement. Il chante toujours aussi divinement ses textes à l’ironie mordante et au spleen si fécond. On retrouve sur chaque morceau ce mélange unique de profondeur et de théâtralité, qui a inscrit pour l’éternité sa voix au panthéon de la pop-music. Les deux premiers morceaux en constituent des merveilleux exemples, parfait raccourci de son itinéraire personnel. Sa paradoxale déclaration d’amour à sa patrie d’adoption sur «America Is Not The World » tout en lyrisme serein puis l’imparable et rageur single « Irish Blood, English Heart » forment la meilleure introduction possible à ce disque si attendu. Morrissey déroule ensuite son savoir-faire, façonne son image de crooner nostalgique sur «Come Back to Camden », règle ses comptes avec « The World Is Full Of Crashing Bores » ou « You Know I Couldn't Last » mais n’oublie surtout pas de signer quelques perles. On retiendra ainsi les flamboyants « How Could Anybody Possibly Know How I Feel », « First of the Gang to Die » et « I Like You ». Morrissey tient donc la forme pour son retour et livre un disque compact, très homogène même si quelques chansons auraient bien sûr été indignes de figurer en B-Sides des Smiths. Mais ne radotons pas, ce « You Are The Quarry » ne rajoutera rien à sa gloire mais reste toujours très classe. Sa couverture médiatique sera probablement infiniment supérieure à ce qu’elle aurait été si sept longues années ne s’étaient pas écoulées depuis « Maladjusted » mais tout cela ne doit pas masquer l’essentiel. Ce n’est pas encore demain que le roi Morrissey laissera ses fans orphelins. |
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