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En dix ans d’activité, Autour de Lucie s’est taillé une place à part dans le petit jardin pop français. Au bord de la reconnaissance publique mais relativement marginal tout de même, le groupe de Valérie Leulliot tente aujourd’hui de se sortir de cet entre-deux par la grâce de son nouvel album éponyme. Outre cette logique envie de succès, le changement de maison de disque et les triomphes récents de Carla Bruni ou Keren Ann dans un registre proche, pouvaient laisser augurer d’un recentrage. .::Samuel
Une première écoute attentive de ce quatrième disque ne dément pas cette petite crainte. Tout y sonne bien, sans anicroche ni aspérité, tout coule de source. Les mélodies sont toutes bien troussées, la plume et la voix de Valérie Leulliot se glissent à merveille dans ce doux décor délicatement planté. Bref, le terrain est connu et ne réserve aucune surprise. Et c’est bien là que le bât blesse car si l’on note bien un contingent de chansons enlevées plus important que d’habitude, cela ne peut suffire à créer une véritable adhésion. Manque d’audace et d’ambition Le début du disque s’avère pourtant accrocheur, les premiers morceaux introduisant bien l’affaire. « Noyés dans la masse » retrouve le spleen ensoleillé qui a fait l’étoffe des meilleures chansons d’Autour de Lucie tandis que « Personne n’est comme toi » s’impose comme un premier single imparable, à la fois entêtant et vendeur. Valérie Leulliot capte ici l’euphorie amoureuse comme peu savent le faire dans nos contrées. Mais commence alors un long tunnel, alternant morceaux lents (« Avril en octobre », « Sans moi », « Mon toujours partant ») ou plus dynamiques (« Dans quel pays »), mais qui ne retiennent jamais vraiment l’attention. Arrive alors en fin de parcours, une bienvenue « Grande évasion » qui séduit spontanément par sa tonalité simple et directe. Deux titres anodins bouclant ensuite l’album. Le sentiment final est donc mitigé, Autour de Lucie vient peut-être de nous livrer son disque le plus dense et le plus homogène, sans ratage flagrant mais aussi le premier à ne comporter aucun morceau fort et prégnant. En retournant à ses premiers amours pop et en privilégiant une écriture plus débridée et moins littéraire, le groupe ne dépasse jamais la ligne de flottaison, ne nous offre pas un seul morceau marquant par son ampleur et son ambition. Le classicisme d’Autour de Lucie demeure attachant mais semble connaître une panne d’inspiration. On espère que la scène offrira au groupe l’occasion de retrouver un second souffle et d’habiter ses nouveaux titres de manière convaincante. |
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