|
![]() Il n’est donc que justice que ce soit l’énorme « Loaded », ainsi baptisé suite au reliftage de Andy Weatherall, qui ouvre la première compilation de Primal Scream. Ce tube improbable, hymne à la fête et à l’abandon de soi, a propulsé dans une dimension insoupçonnée, un groupe plutôt banal dans sa première vie. En partant de cette matrice fondatrice du rapprochement entre rock et électro, on suit ainsi, au fil de la petite vingtaine de morceaux ici rassemblés, l’existence pas vraiment linéaire de ce groupe étendard. Le choix d’une juxtaposition strictement chronologique, s’il ne semble pas franchement original à première vue, ne s’avère pas trop dérangeant car l’écoute de ce « Dirty Hits » devient du coup, le récit historique d’une tranche de la musique populaire anglaise. On commence donc le périple dans l’euphorie qui suit le fameux Second Summer of Love. La culture rave s’est introduite dans tous les étages de la vénérable maison pop et Primal Scream, grâce à son album « Screamadelica » devient le symbole éclatant de cette fusion. Les titres qui témoignent de cette époque sont évocateurs, « Movin' On Up » ou « Come Together » sont autant de bains à remous festifs et fédérateurs. La transition est rude alors avec le milieu des années 90 qui voit Primal Scream revenir à un format plus balisé, avec le très décrié « Give Out But Don't Give Up ». Du trop bien nommé « Rocks » à la très ordinaire ballade « I'm Gonna Cry Myself Blind », le groupe déçoit beaucoup. Mais ce gros malin de Bobby Gillespie ne sera pas l’homme d’un éclair sans lendemain. Il revient en formation réduite, trois ans plus tard, avec le brillant « Vanishing point », porté par le martial single « Kowalski » et clôturé par la dérive hypnotique de « Long Life ». Détruire dit-il On change alors de millénaire et Primal Scream explose le mur du son pour un nouvel album au nom cinglant. « Exterminator » est bien le concentré de surpuissance bruitiste et de rage maléfique que son titre annonce. Si « Swastika Eyes » lorgne encore du côté du dance-floor, « Shoot Speed / Kill Light » et surtout le jusqu’au-boutiste « Accelerator » ne sont plus là pour amuser la galerie. Primal Scream passe en force et ne fait pas de prisonniers. La présence de Kevin Shields, en vacances de My Bloody Valentine, n’étant d’ailleurs sans doute pas étrangère à cette mutation. Quel avenir alors pour le groupe ? Persévérer dans cette radicalité jusqu’à l’absurde et sombrer dans l’enfermement autiste ou bien renouer avec une musique électronique plus variée et ouverte ? La réponse arrive l’été 2002 sous la forme du dernier disque à ce jour, « Evil heat », qui rassure plutôt ceux qui s’inquiétaient des excès de leur précédent opus. On y retrouve notamment dans ce best-of les entêtants « Deep Hit Of Morning Sun » et « Some Velvet Morning » (avec Kate Moss en guest star). En redevenant humain, Primal Scream réactive son savoir-faire, colore sa noirceur et se paie même le luxe de rendre un hommage appuyé aux figures tutélaires de Kraftwerk, grâce au spatial « Autobahn 66 ». L’autoroute qui relie l’Allemagne pionnière à l’Angleterre psyché-électro boucle alors cette compilation. A demain ? La transe continue Rien de plus normal que d’offrir en bonus une large rasade de titres remixés, pour un groupe qui a vu sa carrière décoller grâce à la relecture d’un de ses morceaux. Le 2ème CD livre ainsi 13 chansons reconfigurées au gré des humeurs et de l’inspiration des invités. On découvrira notamment avec bonheur les versions d’Adrian Sherwood, qui embrume encore davantage « Long life » ou des Chemical Brothers, qui font passer la surmultiplié à « Swastika Eyes ». La transe est donc sans fin. |
|