Interprète Rodolphe Burger - Olivier Cadiot
Auteur Rodolphe Burger - Olivier Cadiot
Sortie en France 02/10/2002
Sortie Mondiale
29/10/2002

Liste des plages
1- Intro 
2- B à Batz 
3- Totem & Tabou 
4- Intermède 
5- Cheval-mouvement 
6- From The East To The West 
7- Billy The Kid 
8- Je Nage 
9- Hotel Robinson 
10- Choral 




 

Hôtel Robinson
 
Un étrange bonheur
 

02/03/2003
Ceux qui n’ont jamais été vraiment sensibles aux différents projets de Rodolphe Burger (en tant que leader de Kat Onoma ou dans ses aventures solo) trouveront peut-être enfin l’occasion de s’enthousiasmer pour ce séjour dans un « Hôtel Robinson », à la fascinante étrangeté. Fruit d’un travail à quatre mains et deux cerveaux, en compagnie de l’écrivain Olivier Cadiot, ce concept album de Burger se révèle généreux et passionnant, tout au long de ses détours. La pâte prend enfin.

La Bretagne et le Far West

On se retrouve immergé dès le début dans un bout de Bretagne, l’île de Batz, préservée des chaos du monde. Burger et Cadiot renouvellent ainsi leur expérience du Welche (bribes de patois alsacien samplées à l’infini). Les « acteurs » des morceaux sont cette fois quelques vieux habitants du cru, enregistrés et remixés par nos deux naufragés volontaires. Leurs paroles, à la fois anecdotiques et émouvantes de simplicité, sont passées en boucle sur un fond musical lui-même répétitif. Mais que l’on ne s’y trompe pas, nul snobisme ici, c’est tout sauf une exploration ricanante et cynique de la France d’en bas. Les habitants de l’île de Batz ne sont pas exhibés comme dans un zoo mais au contraire leurs mots sont restitués avec chaleur et humanité.
Burger en profite alors pour relifter son fameux « Cheval-Jungle », devenu « Cheval-Mouvement » pour l’occasion. L’auditeur a bien besoin d’une monture à la hauteur, pour parcourir les grands espaces qui l’attendent. On retiendra particulièrement la relecture d’un des plus fameux thèmes du cinéma américain, « Billy The Kid », figure mythique d’un Far West de légende, rattrapé par la Modernité. Ce long morceau de presque 8 minutes, tendu et métallique, est le plus bel écho qui soit, au chef d’œuvre crépusculaire de Peckinpah. La rage le dispute au désenchantement, dans le bruit et la fureur d’un monde qui s’écroule.

Deleuze est vivant

Arrive alors la perle improbable de cet « Hôtel Robinson », son magnifique point d’orgue, qui en justifie presque l’écoute à lui tout seul. L’idée de sampler la voix de Deleuze semble a priori, tellement pontifiante et pour tout dire, si casse-gueule que le résultat soulage et ravit à la fois.
Devenu la référence obligée de tous les écrivains soucieux de détourner la structure même de l’objet littéraire, cité par tous les musiciens électro comme le prophète de la musique techno, ou plus simplement érigé par tous les médias branchés comme la caution philosophico-tendance du moment, Gilles Deleuze a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps. On a essayé de lui faire dire bien des choses, utilisant ses concepts (dont les fameux rhizomes) comme autant de slogans … jusqu’à l’écoeurement.

Alors pourquoi y revenir aujourd’hui ? Pour le faire apparaître pour ce qu’il est, justement. Un faux naïf, se baignant dans l’océan intellectuel pour mieux repartir des questions essentielles. Burger et Cadiot le saisissent en pleine interrogation sur quelques étonnements enfantins, accompagnant sa pensée en perpétuel et subtil mouvement, d’une musique hypnotique. Le morceau qui en résulte est une merveille de légèreté et d’intelligence. Deleuze nous est ainsi rendu plus vivant que jamais.
.::Samuel
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