De Yu Zhang
Nb de pages 354




 

Ripoux à Zhengzhou
 
Liberté de ton sans censure
 

23/02/2004
Le dernier roman chinois des éditions Picquier poche, Ripoux à Zhengzhou, de Zhang Yu, a été un best-seller à sa sortie en Chine en 2000. L'une des raisons majeures de ce succès est sa liberté de ton pas forcément rebelle, mais très directe et qui fait la part des choses entre les turpitudes et les vertus du régime communiste.

La philosophie du bonheur simple

Yu Fugui et Wang Hai sont deux policiers de Zhengzhou, dans la province du Henan, qui se font remarquer par leur probité et leur refus systématique de tout avancement, attitude qui est aussi le pendant du mépris dont leur font preuve leurs collègues, à ces deux flics d'origine modeste. Dans un pays où la lutte des classes et la dictature du prolétariat ne sont qu'un slogan dépassé, soit on est lèche-bottes, soit on reste bien sagement dans son milieu. Yu et Wang ont choisi la seconde voie, et se plaisent avec leur métier de terrain, leurs nouilles bon marché pour le déjeuner, et leur modeste salaire. Pourtant, ils forment une sacré équipe, qui fait vite parler d'elle par ses succès en matière de lutte contre les voleurs, des vrais Starsky et Hutch les rodéos mis à part. Ils sont même incontournables quand il s'agit d'attraper de gros poissons. Mais la philosophie du bonheur simple qui consiste à bien faire son travail et à ne pas désirer de privilège est-elle aussi simple que ça?

Clairvoyance et puissance de l'analyse

Zhang le dit lui-même en postface, il n'est pas un homme de la ville ayant reçu une grande éducation, c'est un campagnard d'origine. Son style est assez simple. Les chapitres sont presque indépendants, on pourrait en faire une BD, les tournures des phrases ne sont pas bien élaborées. Ce roman se lit donc comme un roman policier pour ado, mais il dévoile de temps à autre, et en particulier à la toute fin du livre, une clairvoyance qui dépasse le "bon sens paysan", une faculté d'analyse qui témoigne d'une véritable intelligence.
C'est un roman politique, mais très habile, car il ne provoque pas la censure tout en disant clairement ce qu'il a à dire (y compris un «seul le Parti communiste peut diriger un pays aussi vaste et aussi pauvre que la Chine», ce qui n'est pas si faux que ça...).

Alors il se lit comme un roman de gare, mais il donne un aperçu moderne, juste et amusant d'une réalité chinoise. Même si, OK, l'histoire en elle-même n'est pas toujours passionnante.
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