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![]() Plongeon de consciences Les deux heures quarante minutes du film s’évertuent à montrer comment une petite équipe de quelques israéliens, originaires de divers pays, peu entraînés mais motivés, et dotés de tous les moyens financiers, montent des attentats pour venger leur patrie de cette fatale agression. Ces israéliens presque ordinaires, avec Eric Bana à leur tête, deviennent des criminels implacables dont l’unique objectif est de débusquer et supprimer onze personnes listées par Israël dans différentes capitales européennes. Au fur et à mesure de leur implication dans cette machination infernale, des doutes affleurent dans des consciences au départ bien nettes et immaculées. Comédiens brillants Les comédiens sont simplement brillants et terriblement convaincants. Eric Bana relève le défi avec un talent indéniable, ainsi que quelques acteurs dont je suis particulièrement féru comme Mathieu Kassovitz ou Michael Lonsdale. Il faut noter d’ailleurs une pléiade d’acteurs, dont beaucoup de français, et énormément de personnages secondaires qui sont très bons. Le scénario imagine l’organisation de ces attentats à Paris, Athènes, Londres, etc. Et c’est Spielberg qui filme, donc cela donne aussi des plans extraordinaires, une manière de filmer qui en exprime autant que les acteurs ou les décors, des clins d’œil cinématographiques (notamment des affiches de films dans Paris…), des filtres qui donnent une ambiance très particulière et soignée. La mise en scène est efficace, et la manière dont l’attentat de Munich est remontré pendant tout le film permet quelques horribles réminiscences, alors qu’on a tendance à l’oublier. Engrenage Je sais qu’on peut reprocher pas mal de chose aux auteurs et à la manière dont sont présentés l’attentat, les protagonistes ou la situation politique sous-jacente. Néanmoins, j’ai apprécié le sentiment qui vient à se dégager du film, cette impression que le terrorisme pour lutter contre le terrorisme, cette attitude œil pour œil dent pour dent, revient à un dilemme et un comble dont on ne peut sortir indemne. Et là manifestement, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Difficile de se venger avec les mêmes armes que son ennemi tout en continuant à avoir une bonne image de soi. Malgré la « justice ou justesse » de la vengeance, on en revient toujours à des « c’est lui qui a commencé » qui font perdre tout sens commun. Et pourtant à voir les images d’un attentat comme celui de Munich, on n’a envie que de se dire que c’est un juste retour des choses. Mais l’inutilité d’une telle riposte est manifeste dans le film, autant que l’engrenage sanglant et sans fin de tels procédés. Le fait que le film ne plaise ni aux israéliens ni à leurs opposants me fait penser que cette vision n’est peut-être pas si délétère. :: Le blog de Matoo :: |
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