Un film de Danièle Thompson
Pays d'origine France
Durée 1h46
Sortie en France 15/02/2006

Avec
Albert Dupontel (Jean-François Lefort)
Cécile de France (Jessica)
Valérie Lemercier (Catherine Versen)
Claude Brasseur (Jacques Grumberg)
Suzanne Flon (la grand-mère de Jessica)
Laura Morante (Valentine)
Chistopher Thompson (Frédéric Grumberg)
Dani (Claudie)
Guillaume Gallienne (Pascal)

Scénario Danièle Thompson et Christopher Thompson
Musique Nicola Piovani
Distribution Mars Distribution




 

Fauteuil d'orchestre
 
Quelle attente ! Bien mais...
 

27/02/2006
J’avais hâte de voir ce film même si j’y allais avec la plus grande appréhension. En effet, je suis un inconditionnel de « La bûche » que je considère comme une des meilleures comédies françaises qui soit, et même une sorte de film culte. Mais j’ai trouvé que « Décalage horaire », son second opus, était un navet qui n’avait aucune raison d’être (à part quand Binoche se prend la sauce dans la tronche…). Mais je connais la valeur de Danièle Thompson et de son fils Christopher, excellents scénaristes et dialoguistes. Pour moi ils sont carrément outillés pour rivaliser avec le couple Jaoui-Bacri (oui je sais tout le monde n’aime pas, mais moi oui).

Je ne suis pas déçu

Disons d’entrée de jeu que je ne suis pas déçu. Que l’idée est originale, les dialogues savoureux, les comédiens et comédiens parfaits, incroyablement bons même, et que ce film est une comédie de très bon niveau. Tout de même quelques problèmes de raccords ou de montage, ainsi que quelques invraisemblances scénaristiques m’ont chiffonné mais rien de terrible ou de dommageable. Nous sommes dans un quartier chic de Paris, l’avenue Montaigne où toutes les pétasses friquées viennent faire leur shopping, à deux pas du Plaza-Athénée, à deux pas du théâtre des Champs-Elysées, d’une salle de vente et d’un bistrot parisien. Dans ces endroits évoluent des gens riches, du luxe, des acteurs, des musiciens virtuoses, mais aussi des personnes plus simples qui travaillent dans ce milieu, des serveurs, des guichetiers, des vendeurs etc.

Connaître son quartier

Danièle et Christopher Thompson nous font ainsi connaître ce quartier et ses habitants, tout niveau social confondu, à travers les destins croisés de quelques personnages. L’héroïne c’est Cécile de France, une jeune provinciale qui monte à Paris pour suivre les traces de sa grand-mère (Suzanne Flon, dont la voix magnifique me rappellera toujours la VF de Jessica Tandy dans « Miss Daisy et son chauffeur »), et se retrouve serveuse dans un bistrot proche des théâtres. D’ailleurs au théâtre des Champs-Élysées c’est Albert Dupontel interprète brillamment un pianiste star, tandis que Valérie Lemercier est absolument renversante en actrice de soap et comédienne de Feydeau dans le théâtre à côté. Dans la salle de vente, c’est Claude Brasseur qui vend la collection d’œuvres d’art de toute sa vie, tandis qu’il a des problèmes pour communiquer avec son fils (Christopher Thompson). Et dans les personnages secondaires, il y a aussi Dani qui joue une des employées du théâtre, bientôt à la retraite et la tête pleine des souvenirs de sa carrière à l’Olympia. Et la pléiade d’acteurs et d’actrices continue encore puisque tous sont quasiment connus.

Parcours initiatiques

On suit donc les parcours initiatiques de ces personnages, croisement de règlement de compte familial, d’ambitions, de remise en question professionnel, de quête de sens à sa vie etc. Lemercier est complètement hystérique et veut pourtant sortir de ses rôles de potiches, Dupontel en a assez des salles de concert guindées, et à l’opposée Cécile de France veut conquérir Paris. Des situations assez drôles sont rapidement échafaudées, et donnent lieu à d’efficaces réparties, dialogues piquants et bons mots. Lemercier mène vraiment la danse en matière d’humour, alors que Dupontel, sur d’autres registres, arrive à exprimer ses émotions avec beaucoup de sincérité, tout en conservant une excentricité assez singulière, un rôle composite que lui seul peut endosser.

Un peu sur sa faim

Donc c’est plutôt bien, et en considérant chaque élément un par un, je me dis que c’est une réussite. Pourtant je ne suis pas totalement conquis. Je reste un peu sur ma faim. La psychologie des personnages n’est qu’effleurée, le film manque presque d’ampleur pour se cantonner dans la gentille comédie française qui ne froisse personne. Il me semble qu’il y avait là matière à en faire un autre film. J’ai certes passé un bon moment, raisonnablement ri, été touché à d’autres moments, et j’ai apprécié cette galerie de protagonistes, en même temps que ce chassé-croisé enlevé et simultané entre vente aux enchères, concert classique et pièce de Feydeau. Mais il manque un piment et une ironie grinçante qu’on avait dans « la Bûche », et que j’aurais tant aimé retrouver, des caractères plus fouillés, des intrigues moins fantasques.

Cela reste un bon film, et des répliques qui valent tout de même le détour (Lemercier qui converse en anglais sur Simone de Beauvoir à Sydney Pollack !!). Il y a tellement de comédies françaises minables que ce film ouvre, je l’espère, la voie à une nouvelle ère.

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