La chute
 
 

18/01/2005
Un film qui a suscité tant de critiques, soit extrêmement positives soit à l’extrême opposée, est toujours un peu difficile à appréhender. Et là, ce n’est pas tant dans l’analyse de mon ressenti, puisque c’est l’exercice le plus simple qui soit au cinéma. On est spectateur, et on ressent directement le plaisir ou déplaisir de cette consommation visuelle passive. Il s’agit plutôt de juger « moralement » la manière dont Hitler a été ici figuré, et puis aussi la réalité historique qui s’accompagne de cela.

J’avoue sans vergogne être ignare sur le sujet, je suis donc bien incapable de dire si Bruno Ganz joue mal ou bien Hitler aux vues de ce qu’on sait de la personnalité du tyran. J’ai eu l’impression que c’était une interprétation magistrale, un truc dingue d’authenticité et un véritable tour de force de comédien. En tout cas, j’ai été scotché et j’ai retrouvé tous les tics, les mimiques, les manies verbales, les changements de tonalité et de timbre fulgurants que j’associais au dictateur. Donc j’ai été conquis par le jeu de Bruno Ganz, mais je ne sais pas si j’ai bien fait… ( ?)

Par contre, je peux affirmer que je n’ai vraiment pas du tout vu une quelconque manière de réhabiliter Hitler, ni de l’humaniser ou de le rendre moins terrible etc. Au contraire, cette manière sobre et « réaliste » de traiter cet homme rend avec une acuité totalement effrayante la folie destructrice, la mégalomanie, la cruauté et l’horreur de ce monstre. La manière dont il refuse de capituler en affirmant que le peuple l’a choisi et qu’il doit maintenant assumer, que s’il périt ce ne sera que la sélection naturelle, que la meilleure action de sa vie fut le génocide des juifs etc. est absolument dantesque. Et les scènes où il cajole des enfants ou bien où il parait un peu humain ne font que crédibiliser sa folie meurtrière et criminelle, rien de plus.

On suit avec beaucoup d’attention ce mécanisme d’autodestruction et ce régime aux abois, cette organisation militaire et totalitaire en déliquescence, avec à sa tête un fou sanguinaire qui pète définitivement son dernier boulon, entouré d’une clique telle une secte autour de son gourou.

J’ai été captivé pendant tout le temps que dure ce film, j’en ai aussi beaucoup appris sur cette courte et intense période. Et les gens sortent drôlement silencieux de la salle lorsque le film se termine. Et moi donc… Un excellent film, vraiment !

.::Matoo
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