Un film de Ridley Scott
Pays d'origine USA
Durée 2h11
Sortie en France 28/02/2001
Sortie Mondiale
2001

Avec
Anthony Hopkins (Hannibal Lecter)
Julianne Moore (Clarice Starling)
Gary Oldman (Mason Verger)
Ray Liotta (Paul Krendler)
Giancarlo Giannini (Inspecteur Rinaldo)

Scénario David Mamet
Musique Hans Zimmer
Production MGM et Universal
Distribution United International Pictures




 

Hannibal
 
Déplaisant
 

18/08/2002
Déplaisant

Le générique est éloquent : Scott (Ridley et non pas Tony), Hopkins, Oldman, Zimmer, De Laurentiis, j'en passe et non des moindres, le gratin s'est chèrement disputé l'alléchante suite du Silence des Agneaux (J. Demme). On sait d'ores et déjà que le film est un coup marketing, reste à prouver qu'il est un peu plus.

La patte Ridley Scott

Hannibal est dans la foulée des réalisations précédentes du metteur en scène : hallucinant et baroque. Dans un autre style cependant.
Avec son sens du visuel, Scott nous offre quelques belles scènes (la caresse de la main du Docteur Lecter, le chassé-croisé dans les rues de Florence avec le pick-pocket qui n'est pas sans rappeler l'une des scènes de Blade Runner…) et d'autres un peu moins inspirées.

Le réalisateur a affirmé sa foi en son casting, il a eu raison : Hopkins est hypnotisant, Moore convaincante (dans un tout autre registre que Jodie Foster, 10 ans se sont écoulés), Oldman, l'abonné aux métamorphoses, s'il n'est pas John Hurt, s'approche pourtant par sa monstruosité d'Elephant Man.

Le scénario n'est pas moins hollywoodien que tout ce qui précède : l'unique survivant parmi les victimes de l'infâme Hannibal le Cannibale, horriblement mutilé, remarquablement fortuné, non moins répugnant (mentalement) désespère de se venger de son ex-mentor qui l'a voué à une insupportable infirmité.
Clarice Starling, agent du FBI qui avait 10 ans plus tôt sollicité l'aide du Docteur Lester afin d'arrêter un tueur en série, pourrait le conduire à son bourreau.

Mais qui est bourreau, qui est victime ?

Les personnages principaux font tous preuve d'une réelle dualité dans leur personnalité : tour à tour bourreau, victime, tendant vers le mal.
Même Clarice assassine, par nécessité certes, une femme portant son enfant. La confusion s'insinue presque en nous : Lecter apparaît comme un cannibale motivé par des instincts de justiciers. Tout comme sa relation avec Clarice qui a un goût plutôt fade (sans mauvais jeu de mots). Cependant, le titre l'annonçait, le héros est bien le bon Docteur, il fallait donc qu'il soit attachant, subtil, il est aussi un bon épicurien, et ne sort ses canines que pour se défendre. Un peu facile, d'autant plus que le réalisateur et surtout les scénaristes ont fait l'impasse sur l'analyse psychologique.

Ce qui m'amène finalement à retomber dans le piège des comparaisons et des suites. Disons que Hannibal est au Silence des Agneaux ce que M:I 2 est à Mission Impossible : l'original est basé sur un scénario ardu et bien construit, ménageant un réel suspense, un tension dramatique, une ambiguïté forte, la suite sort l'artillerie lourde.
Certes, la comparaison est tirée par les cheveux. Mais Dieu merci, Ridley Scott n'est pas John Woo…

(En parlant de Dieu, quelle est l'opportunité de rendre Oldman croyant ? Le rendre encore plus abject par son hypocrisie malsaine ? J'ai du mal à suivre l'humour noir des scénaristes, qui est d'assez mauvais goût.)

Et Hans Zimmer n'est pas James Horner, cependant cela ne l'a pas empêché de composer une musique dont la discrétion n'est pas la première des qualités et qui procure parfois une surdose de tension factice.
Demme préférait la suggestion et la sobriété, Scott tend vers l'horreur et le baroque (Après tout une partie du film se déroule à Florence…).
Mais trop, c'est trop ! A trop vouloir en faire et montrer, non seulement la force du film est amoindrie, mais en plus de cela Hannibal et Clarice nous semblent à 100 000 lieux de leurs personnalités respectives dans Le Silence des Agneaux.
L'une des scènes ultimes est carrément insupportable.

Pour en finir définitivement avec la séquence comparaisons, je dirai que le film ressemble à de la cuisine italienne : diablement appétissante mais lourde sur l'estomac.
Sauf que dans le cas d'Hannibal, c'est déplaisant.



.::Sophie
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