Un film de Kinji Fukasaku
Pays d'origine Japon
Durée 1h53
Sortie en France 21/11/2001

Avec
Takeshi Kitano (Kitano)
Tatsuya Fukiwara (Shuya)
Aki Maeda (Noriko)
Taro Yamamoro (Kawada)
Masanobu Ando (Kiriyama)
Yuko Miyamura (Fille qui présente les règles)

Scénario Kenta Kukasaku
Musique Masamichi Amano
Production Gyaca Comm Wowox ...
Distribution SND




 

Battle Royale
 
Tuer n'est pas jouer
 

18/08/2002
Dans un système en perdition, secoué par l'audace des jeunes (celle de vivre et de le vouloir) et gouverné par les adultes, une loi appelée Battle Royale réclame l'entre-tuerie annuelle d'une classe, désignée par tirage au sort, sur 3 jours à l'issue desquels " il ne doit en rester qu'un ". Tout au plus.

Un été 42

Film surprenant par son sujet, Battle Royale est surtout un long métrage captivant et choquant qui non content de se la jouer film d'horreur (intelligent), puisque quand même la bagatelle de quelques 42 personnes vont finir le sang à l'air, se paie le luxe de balancer 2 ou 3 vérités cinglantes sur les rouages de nos jolies petites sociétés (de merde, pourrit-on rajouter).

Comme dans tout bon petit génocide qui se respecte, ceux qui se font liquider sont ceux qui font peur, ici, les jeunes, donc, qui auraient un peu trop tendance à contester l'autorité de leurs aînés, et foutraient en l'air le bon ordre de la société. Si tout fout le camp, c'est de leur faute, et voilà pour le bon concept du bouc émissaire (on connaissait les juifs, les immigrés, voilà les jeunes, chacun son truc).

Oui mais alors l'idée de génie des adultes, c'est l'auto-tuerie (du coup, le " génocide ", c'est pas nous, c'est eux, décliné sur tous les tons ! Y sont cons ces jeunes quand même…). Non, là, chapeau, vraiment. La recette est admirable (des fois que ça donnerait des idées à TF1 ou M6…, brr j'en ai froid dans le dos).
Balancez sur une île déserte 42 élèves d'une classe de terminale, qui, au préalable, ont mijoté quelques années ensemble dans la fraternité et la bonne entente, avec les petits accrocs nécessaires toutefois. Rajoutez 2 trouble-fête pour pimenter l'ambiance, de profil différent si possible, un psychopathe et samaritain ambigu par exemple (à voir selon les disponibilités). Lâchez-les dans l'île munis d'une arme désignée d'office (une paire de jumelles, une hache…). Flanquez-les de colliers permettant de déterminer leur état (vivant ou mort) et d'un animateur mentalement fragile et à tendance meurtrière, vaguement sadique et capable d'animer le jeu au besoin. N'oubliez pas de convoquer la presse dès l'issue du jeu.

Tout comme le " jeu ", le scénario est intelligent et le film est extrêmement bien construit. Une entrée en matière vive et marquante (vous n'êtes pas près d'oublier le sourire malade de la jeune " gagnante " de la tuerie), le réalisateur s'attache au sort d'un jeune participant (le héros, dont le père, qui a renoncé à la vie, lui donne comme conseil ultime un ironique " Courage ") puis nous conduit sur l'île pour la " battle royale ", en veillant à installer quelques doutes sur les élèves au préalable.

Et oubliez bien que " tuer n'est pas jouer "

Ou comment une classe d'élèves qui n'ont aucune envie de se faire du mal va s'entre-tuer dans le désir fou de rester en vie. Battle Royale fait le portrait de l'instinct de survie et ses diverses manifestations chez les individus qui composent la classe, révélateur dans la mort de la façon de vivre de chacun.
Vengeance, quiproquos, jalousie, malchance, folie, manque de communication, n'importe quoi, un rien peut mener à tuer, si l'on est placé dans des conditions de psychose. Et c'est en cela que le film est fascinant, dans les petites causes qui produisent de grands effets. Avec ce cynisme que l'on retrouve même chez le hasard.

Battle Royale assène à coups de folie passagère l'absurdité des meurtres (plus rarement homicides involontaires).
Le dénouement tient quant à lui toutes les promesses accumulées telles les cadavres au cours du jeu de massacre.

Renforcé par la présence délicieuse (mais est-ce le terme adéquat) de Takeshi Kitano, ce film marquant, d'une violence singulière, est une pièce à voir, sans aucun doute possible.




.::Sophie
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