Un film de Clint Eastwood
Pays d'origine Etats-Unis
Durée 2h17
Sortie en France 15/10/2003

Avec
Sean Penn (Jimmy Markum)
Kevin Bacon (Sean Devine)
Tim Robbins (Dave Boyle)
Laurence Fishburne (Whitey Powers)
Marcia Gay Harden (Celeste Boyle)
Laura Linney (Annabeth Markum)

Scénario Brian Helgeland
Musique Clint Eastwood
Production Clint Eastwood, Judie Hoyt et Robert Lorenz
Distribution Warner Bros. France, France




 

Mystic river
 
La rivière sans retour
 

11/10/2003
Alors que depuis quelques années, les gazettes ne bruissent que du déclin de l’empire cinématographique américain, il en est un qui poursuit impeccablement sa route, bien installé au cœur du système des grands studios. On parle bien sûr de Clint Eastwood, héritier d’un certain âge d’or où la qualité et l’intelligence n’étaient pas l’apanage exclusif d’un cinéma d’auteur élitiste.
Son dernier opus en date, le très classique et néanmoins très impressionnant "Mystic river" est un excellent cru, puissant et prégnant comme un vieil alcool. Porté par un trio d’acteurs en grande forme, ce film ne révolutionne rien mais s’impose haut la main comme un des meilleurs films noirs de l’année. A tout prendre, on choisit mille fois le cinéma traditionnel de Clint Eastwood aux petits malins issus du circuit indépendant, qui pullulent en ce moment outre-Atlantique.

Trois hommes

Au début était l’enfance. L’enfance innocente et les amitiés que l’on croit éternelles. Mais ces frêles espérances se fracassent bien vite quand le pire arrive. Dans ce quartier de Boston, tout semble possible à Jimmy, Sean et Dave. Mais ce dernier est enlevé, sous les yeux de ses deux copains restés passifs, par deux hommes qui le séquestrent et le violent pendant quatre jours. Trou noir de leur existence, cette tragédie brise inévitablement leurs liens. Une vie est détruite à jamais et deux autres sont marquées au fer rouge.
Mais il faut bien vivre malgré tout. Alors chacun suivra son chemin jusqu’à un nouveau terrible événement, vingt cinq ans plus tard. La fille de Jimmy est retrouvée assassinée et c’est Sean, devenu policier qui mène l’enquête, dont Dave devient assez vite le principal suspect. Le cercle infernal du doute, du ressentiment et de la vengeance se met alors inexorablement en branle.
Prisonnier de ses démons, Dave a-t-il fait payer à son ancien camarade son propre drame ? Victime du Mal absolu, est-il condamné à le perpétrer à son tour un jour ?
Telle est la question centrale qui hante « Mystic river » et Eastwood lui-même, qui observe l’Amérique et la travaille au corps depuis tant d’années.

Suspens tendu

S’il est difficile d’énumérer toutes les qualités du film, on peut en évoquer les principales. Au premier chef, impossible de passer sous silence la formidable prestation des trois comédiens, qui campent des personnages torturés par un passé obsédant et des conflits intérieurs.
Tim Robbins est exceptionnel en homme traumatisé, resté à jamais dans cette cave où il a subi son martyre. Son ambiguïté et sa complexité traversent le film, lui donnant toute sa force. Sean Penn joue magistralement un père blessé, ivre de vengeance, perpétuellement sur le fil. Quant à Kevin Bacon, flic en proie à une crise conjugale, sa sobriété fait merveille dans ce polar. Les seconds rôles sont tous très bien tenus avec mention spéciale aux femmes de Dave et Jimmy, respectivement Marcia Gay Harden et Laura Linney.
Mais il serait injuste de réduire "Mystic river" à une série de performances d’acteur. L’art discret et efficace de la mise en scène de Clint Eastwood contribue beaucoup à la réussite générale de l’entreprise. Sans esbroufe, il arrive à nous faire pénétrer dans ce quartier populaire de Boston, à en saisir toute la richesse et toutes les plaies mal refermées. On voit véritablement vivre ces personnages, qui sont restitués dans toute leur épaisseur humaine et non pas comme de simples pions d’une intrigue policière. Eastwood, par son talent et sa maîtrise, évite tout raccourci et tout manichéisme. Ce qui est d’autant plus remarquable que l’histoire qu’il nous raconte, est pleine de relations paroxystiques, de haines recuites et de passions exacerbées.
Enfin n’oublions pas que « Mystic river » est un polar et qu’il remplit en ce sens parfaitement un de ses impératifs, en étant captivant de bout en bout. La tension, qui empoigne immédiatement le spectateur, ne se relâche jamais. Le suspens est subtilement installé et ne s’évapore à aucun moment avant sa bouleversante résolution finale.
Bref, ce film particulièrement sombre et pessimiste, ne dépare pas dans la riche carrière de Clint Eastwood, auteur patient d’une des plus grandes filmographies de l’histoire moderne du cinéma américain.

.::Samuel
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