Un film de Kinji Fukasaku
Pays d'origine Japon
Durée 1h53
Sortie en France 21/11/2001

Avec
Takeshi Kitano (Kitano)
Tatsuya Fukiwara (Shuya)
Aki Maeda (Noriko)
Taro Yamamoro (Kawada)
Masanobu Ando (Kiriyama)
Yuko Miyamura (Fille qui présente les règles)

Scénario Kenta Kukasaku
Musique Masamichi Amano
Production Gyaca Comm Wowox ...
Distribution SND




 

Battle Royale
 
Petits meurtres entre amis
 

21/08/2002
L'histoire

Pour mater une jeunesse qui remet en cause les fondements traditionnels de sa société, les autorités japonaises décident, au début du 21è siècle, d'adopter une nouvelle loi : la loi Battle Royale. La terreur par l'exemple pour restaurer le respect, l'ordre et la discipline, telle est son leitmotiv.
Depuis son adoption, chaque année, une classe de lycée à l'immense honneur d'être tirée au sort pour aller se massacrer joyeusement sur une île déserte. Pourquoi s'entre-tuent-ils ? Parce que si au bout de trois jours il reste en course plus d'un survivant, on appuie sur un bouton et le collier émetteur placé sur chaque "candidat " se charge de les décapiter…
Beau programme.

Un peu de pédagogie

N'allez pas croire que les malheureux sélectionnés sont catapultés dans la nature avec un post-it collé sur le front. Cela serait anti-productif. Les autorités, dans leur immense générosité, ont décidé de leur accorder une véritable formation de quelques dizaines de minutes leur expliquant les "règles du jeu " dans un cynisme le plus total. Comme elles savent qu'elles ont affaire à des lycéens il faut donc une communication appropriée : une petite émission dynamitée par une présentatrice haute en couleur et au rire facile fait donc office d'enseignement.
Et puis si l'habillage très "émission pour jeune " ne suffit pas, le gouvernement a prévu un petit paquet de soldats armés jusqu'aux dents.
Quelles sont les règles du jeu ? Outre celui du survivant unique dans les trois jours du "jeu ", chaque heure des zones de l'île deviennent interdites, tout comportement suspect sera sanctionné, un nécessaire de survie comprenant nourriture, eau et une arme surprise (du couvercle de casserole au fusil-mitrailleur en passant par les grenades) leur est remis ! Let's go ! Evidemment la sanction n'est autre que l'explosion de la tête à distance grâce à ce merveilleux petit collier doté d'une charge explosive ainsi que d'un détecteur cardiaque qui permet aux organisateurs d'annoncer périodiquement, via des haut-parleurs disséminés sur toute l'île, la liste des morts.
J'oubliais aussi de préciser un tout petit détail : les médias sont conviés à la sortie du survivant. Plutôt marqué par son aventure d'ailleurs.

Maître Kinji Fukasaku

Evidemment avec un tel scénario mettant en exergue la crispation d'une société vieillissante face à la nouveauté de sa jeunesse, Battle Royale a fait débat au Japon…
Cette réalisation de Kinji Fukasaku basée sur une intrigue de Kenta Fukasaku et mettant notamment en scène Takeshi Kitano peut recevoir sans l'usurper le qualificatif de " travail d'orfèvre ".
Outre un canevas en acier trempé, le découpage, l'enchaînement des différentes scènes est étudié au détail près. Rajoutez à cela l'utilisation judicieuse d'œuvres du répertoire classique ( l'Aria de Bach, Le beau Danube bleu de Strauss) ainsi qu'une prestation sans fausse note des comédiens et vous obtiendrez ce qui constitue, à mon sens et en tous points, un véritable chef d'œuvre.

Le plus inquiétant, et peut-être aussi le plus intéressant dans Battle Royale, n'est autre que sa crédibilité. Dans nos sociétés atteint du mal de la vieillesse qui considère le changement et la jeunesse comme un risque, à l'instar des bourgeois qui craignaient plus que tout au siècle dernier " la menace rouge ", "vieillesse " paniquée et pleinement désemparée face à des phénomènes qu'elle ne comprend pas, on peut légitimement estimer, compte tenu aussi du glissement sécuritaire, qu'une épreuve sur le modèle de Battle Royale n'est pas impossible.

D'ailleurs " menace rouge ", rouge comme l'affiche, rouge comme le sang, comme ce sang qui coule dans les veines des hommes, ces veines qui irriguent notre cerveau, cerveau capable des pires cruautés en décidant de faire couler le sang, le faire couler pour retirer la vie, la vie de l'autre, autre considéré par autrui comme une menace, que cet autrui soit un groupe (les jeunes) ou un ancien ami…

Bienvenue dans la société moderne.


.::Jean
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