Une comédie sympathique

Brian et Jake sont les meilleurs amis du monde. Ils sont surtout deux amis d'enfance dont le cœur a longtemps battu la chamade pour leur délicieuse copine Anna. Seulement voilà, Anna a déménagé alors qu'ils étaient encore au collège, ils se sont perdus de vue et c'est la religion (catholique pour l'un, juive pour l'autre) que nos deux compères ont fini par embrasser.
Quand Anna la businesswoman débarque à New York pour son job, le trio infernal se reforme, pour le meilleur, et pour le meilleur (ou presque).

Deux garçons, une fille,… une possibilité (morale ?)

Pour son premier film, Edward Norton fait ses gammes sur le registre de la comédie sentimentale.
Attention terrain glissant ! On craint la mièvrerie du badinage amoureux, la lancinante nostalgie des amitiés/amours d'enfance, on pourrait même être tentés de croire que Norton tombe parfois dans la facilité où le pathétique pleurnichard et les gags éculés vont nous assommer.

Force est cependant de constater que ces derniers font immanquablement mouche et que la légèreté globale du ton lui confère un charme dans la veine de celui de Three to tango (Un de trop). Car Keeping the Faith est, et cela malgré son titre, un film qui ne se prend pas au sérieux. Et notre "God squad" (brigade de Dieu) n'est pas la dernière à en faire les frais!

Des maladresses de notre jeune prêtre aux rendez-vous arrangés (délicieusement) foireux du rabbin Jake - bourreau des cœurs, en passant par le ridicule de leur étiquette "cool et branché", on est morts de rire!!!Il faut dire que Norton joue à fond la carte sympathie (et, Dieu, ce qu'il a raison!) : nos trois héros sont on ne peut plus attachants, jusque dans leurs doutes, dérapages et bonnes intentions. D'autant plus qu'entre Ben Stiller (tout simplement charmant), Edward Norton (touchant) et Jenna Elman (lu-mi-neuse), c'est l'alchimie parfaite.

Quant aux seconds rôles, avec en tête Ron Rifkin (en rabbin traditionaliste) et surtout la formidable Anne Bankroft en maman pénitente, ils ne sont pas en reste. Le tout est auréolé de clins d'œil savoureux (notamment à Seven et David Fincher qui l'a dirigé dans Fight Club, on retrouve aussi Milos Forman, le réalisateur de Larry Flint, dans lequel Ed Norton a précédemment joué).

On peut également s'amuser à retrouver la même construction non linéaire que dans Fight Club, avec Edward Norton en narrateur (religieuse coïncidence ou Keeping the Faith est-il une affaire de "famille" ?).Et la religion dans tout ça ? C'est à ce moment là que le laïus "film à message" est censé entrer en scène, non ? Keeping the Faith* le fait avec suffisamment de nuance pour ne pas faire tourner une mayonnaise qui prend très bien.
Catholicisme et Judaïsme y sont même gentiment égratignés (cartes collector des rabbins, superbowl du Yom Kippour, ou encore oligarchie, poids des traditions et tentatives de mariages arrangés).

En bref : une comédie réjouissante, souvent dynamique et bourrée de bons sentiments.

* Je suis allergique aux traductions de films, surtout quand elle font allusion à Au Nom du Père qui n'a décidément rien à voir, si ce n'est l'aspect religion justement et le "Kiss me I'm Irish" du tenancier de bar confident, mais alors de tellement loin…