Sortie en France 28/10/2002


Le DVD
Zone2




 

Collection Nuits Americaines (coffret DVD)
 
Hollywood Nights
 

15/05/2003
Il faut saluer l’excellente initiative de Sony Music Video, qui depuis plusieurs mois maintenant, a fait le courageux pari, d’éditer des films américains méconnus, datant de l’âge d’or hollywoodien.
Sous le titre générique de « Nuits américaines », ces films sont groupés par deux pour un prix modique. Les dix premiers volumes sont d’ailleurs sortis dans une sorte de coffret rond pour une somme défiant toute concurrence. On peut en effet acquérir ces vingt films pour moins de cent euros, ce qui situe l’unité pratiquement au niveau d’une place de cinéma.
C’est avant tout l’occasion de se procurer un immense plaisir de spectateur et de se plonger sans retenue ni mauvaise conscience, dans ce qui fit longtemps la force et l’originalité du cinéma américain : le genre. La plupart des grands genres hollywoodiens, qui ont colonisé la planète, des années 30 aux années 60, sont donc représentés ici. Les polars côtoient ainsi les comédies sentimentales, les westerns, les films d’horreur ou les comédies musicales dans des productions qui ne bénéficiaient souvent pas de gros budgets.
C’est aussi la possibilité de visionner des « petits films de grands maîtres et des grands films de petits maîtres », selon la formule d’usage. On y verra donc des œuvres méconnues de grands cinéastes consacrés ainsi que des films cultes d’auteurs quasiment inconnus et que les cinéphiles vénèrent et gardent comme un précieux secret. On se régalera également des rôles tenus par des futures stars pendant leurs premières années de carrière. Bref, on passera de sympathiques moments dans un esprit très « cinéma de quartier », plutôt bon enfant.

Perles rares à découvrir

Certains films sont bien sûr à signaler plus que d’autres. Si les westerns sont relativement banals mais pas déplaisants, les films noirs sont à découvrir absolument.
« Le criminel », œuvre peu connue de Orson Welles et en partie reniée par lui, est très intéressant à visionner, à l’aune de sa fabuleuse carrière. On conseille aussi « Je dois tuer », excellent petit polar nerveux, hanté par un génial Franck Sinatra. « La cible vivante », de Anthony Mann, réalisateur plus connu pour ses westerns, est une très belle surprise, avec un magistral Erich Von Stroheim. A un degré moindre, « Mort à l’arrivée » se laisse voir agréablement. Ces deux derniers films à la fin tragique, étant imprégnés d’un très fort pessimisme, cela permet de relativiser par la même, le fameux cliché de l’optimisme hollywoodien.
« Détour » de Ulmer, est aussi d’une tonalité très sombre et vaut à lui seul l’investissement. En effet, ce film, archétype de la série B fauchée, est entouré d’une immense réputation depuis que les réalisateurs de la Nouvelle Vague, Godard en tête, en ont fait l’exemple absolu du cinéma underground. Le film, modèle d’inventivité et de tension, est bien à la hauteur du culte qu’on lui voue depuis des décennies, en faisant notamment un atout de son manque de moyens.
Les comédies ne sont pas en reste puisque l’on peut découvrir des perles rares de Lubitsch (« Illusions perdues ») ou de Sturges (« Oh ! Quel mercredi … »), deux maîtres incontestés des années 40, qui ont enfanté par ailleurs plusieurs chefs d’œuvre mondialement connus.
Ces « nuits américaines » recèlent aussi leur lot de bizarreries, non dénuées d’une certaine poésie parfois involontaire. Par exemple, une version de « Cyrano » plutôt enlevée ou un numéro étonnant de Shirley Temple, en héroïne de « La petite princesse » (histoire devenue célèbre plus tard par la grâce d’un dessin animé japonais).
Les étrangetés ne sont pas rares non plus au rayon horreur avec une œuvre de jeunesse du grand Coppola et surtout avec un hénaurme nanard de Roger Corman, pape incontesté de la série B. Sous le titre peu engageant de « Terror », on découvre le jeune Jack Nicholson, en improbable officier napoléonien aux prises avec tous les éléments incontournables du genre. De la sorcière en passant par le château hanté et son mystérieux comte, rien ne nous est épargné dans ce film complètement surréaliste où les acteurs et les spectateurs sont totalement perdus au bout de dix minutes.

Bref, on ne peut que conseiller ces « Nuits américaines » même si la qualité technique laisse parfois à désirer (l’image n’est pas très bien restaurée par exemple mais cela fait sans doute partie du charme) et que les bonus sont plutôt maigres. Ils sont constitués de quelques fiches techniques, de filmographies et de quizz. Mais peu importe !
.::Samuel
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