Un film de Alfred Hitchcock
Pays d'origine Etats-Unis
Durée 1h56
Sortie en France 1972
Sortie Mondiale
1972

Avec
Jon Finch (Richard Blaney)
Barry Foster (Robert Rusk)
Barbara Leigh-Hunt (Brenda Blaney)

Scénario Anthony Shaffer et Arthur La Bern
Musique Ron Goodwin
Production Alfred Hitchcock

Le DVD
Zone2

Anecdotes:
cinquante deuxième et avant dernier film d'Hitchcock
D'après le roman de:
Arthur La Bern



 

Frenzy
(Frenzy)
 
Quand Hitchcock revient chez lui
 

17/03/2003
C’est devenu un cliché de l’Histoire du Cinéma. Alfred Hitchcock, un des plus grands génies artistiques du siècle, aurait vécu une fin de carrière désastreuse, indigne de sa fabuleuse filmographie. On ne tentera pas ici de réhabiliter ses derniers opus, sans aucun doute inférieurs à ses chefs d’œuvre des années 40, 50 et 60 mais on se limitera à conseiller vivement « Frenzy », son avant-dernier film, sorti en 1972 et qui marqua son retour en Angleterre. Ce film, comme la plupart de ceux de Sir Alfred, est disponible en DVD et ravira les amateurs de ses œuvres plus connues.

Hitchcock reprend la main

On a pu craindre le pire après la sortie de « L’étau » en 1969, indigeste coproduction internationale. Dans cette sorte de sous James Bond pathétique, on peine à reconnaître la patte de Hitchcock tant la mise en scène semble anonyme et plate. Le film se vautre dans divers clichés géographiques et politiques, entre l’Europe, Cuba et les Etats-Unis pour aboutir à une banale série B d’espionnage au message réactionnaire.
Pour son film suivant, Hitchcock prit le contre-pied de « L’étau » et retrouva, en plus de son pays natal, ses thèmes de prédilection. Autant « L’étau » semblait empesé dans les contraintes d’un tournage international à grand spectacle, autant « Frenzy » permet au Maître de resserrer son propos dans une intrigue minimale et efficace, au rythme beaucoup plus dynamique. Le scénario est hitchcockien en diable et reprend son thème éternel de l’homme ordinaire pourchassé à tort, devant prouver son innocence, seul contre tous. Soit ici, un ancien pilote de la RAF, accusé d’une série de meurtres sadiques dont celui de son ancienne femme et de sa petite amie. Tout l’accuse bien sûr mais tout finira par s’arranger.

Obsessions hitchcockiennes

Le film est clairement un hommage au Londres criminel et fantasmatique, qui a nourri une grande part de la littérature policière classique. L’allusion à Jack l’Eventreur est énoncée explicitement ainsi que la fascination exercée par cette imagerie sur les touristes du monde entier. Il est émouvant de voir un Hitchcock vieillissant revenir sur les mythes formateurs de sa jeunesse anglaise. Il revient sur son territoire, après avoir si bien pris possession de l’espace américain pendant 30 ans, pour le tordre à son propre imaginaire.
Mais loin d’être un simple pastiche ou une redite de sa grande œuvre, « Frenzy » constitue un prolongement quasi maladif des obsessions hitchcockiennes. Le film frappe par sa grande trivialité qui confine à la crudité. La légendaire perversité de Hitchcock, toujours sous-jacente mais rarement exposée directement, explose dans des scènes de viol et de nudité. Les corps sont montrés sans fard, ce qui vaudra d’ailleurs au film de subir les foudres de la censure. Les acteurs, au physique plutôt commun, représentent le contraire des sublimes personnages inaccessibles, qui ont peuplé les grands classiques hitchcockiens. Pas de Grace Kelly, de Cary Grant, de Kim Novak, de James Stewart, de Tippi Hedren ou de Ingrid Bergman ici mais plutôt des comédiens à l’apparence très ordinaire. Après avoir façonné et détourné ces grandes stars hollywoodiennes pour les faire rentrer dans la mémoire collective, Hitchcock nous plonge très cruellement dans la médiocrité du petit peuple londonien et dans les fantasmes pitoyables d’un détraqué sexuel. On ne peut s’empêcher d’imaginer la jubilation du Maître à tourner les scènes très réalistes d’agressions et de meurtres commis sur les femmes victimes du tueur.

On recommande donc vivement « Frenzy » à tous ceux qui sont marqués par les obsessions de Hitchcock. Elles sont ici mises à nu, sans artifice romanesque. Comme souvent dans ses films, l’humour n’est pas absent et constitue ici un précieux contre point, qui aère utilement le récit. On appréciera notamment les scènes de la vie du couple, constitué par le policier chargé de l’enquête et son cordon bleu de femme. L’esthétique générale elle, change radicalement des films antérieurs de Hitchcock et fait parfois penser à celle de séries policières des années 70. Bref, si Hitchcock avait déjà amorcé sa descente, « Frenzy » mérite de l’attention et permet d’appréhender sa fin de carrière sous un nouveau jour.

.::Samuel
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