Ami jeune, cette chronique t’est destinée. Tu as moins de trente ans et tu aimes le cinéma ! C’est super cool le cinoche. Tu y vas de temps en temps avec tes potes, pour te détendre après le boulot. Avec les copains de ta promo de ton école de commerce ou d’ingénieurs, tu aimes bien aller au Mac Do avant de te faire une bonne toile à l’UGC. Vous discutez de vos salaires et de l’avancement de vos projets, vous vous tapez un bon délire en vous rappelant vos soirées étudiantes top délires.

Mais voilà, tu voudrais pouvoir te la jouer cinéphile et donc tu as des remords à aller voir toujours les mêmes merdes. Tu laisses maintenant « American Pie » à ton petit frère, qui passe le bac cette année. Te voilà sauvé, ami jeune, car Roger Avary a pensé à toi. Mais si tu sais, Avary, le pote de Tarantino, ton idole, à toi et à tous ceux qui vont au cinéma cinq fois par an !

Et bien, Avary, il t’a préparé un film aux petits oignons. C’est tiré d’un roman de Bret Easton Ellis, tu vois qui je veux dire, l’écrivain culte, tu avais même essayé de lire un de ses bouquins, « American Psycho » mais il t’était tombé des mains. Trop mortel, donc, l’idée d’adapter Ellis. Comme ca, t’as pas lu le livre mais tu pourras en parler, l’air savant.
Mais ce n’est pas tout car Avary a vraiment réalisé le film dont tu rêvais. C’est super cool, option méga délire et en plus, il y a un message vachement sérieux et grave. Tu l’as lu dans le Monde ou les Inrocks, ils ont adoré le film alors...

Il y a tout ce que tu aimes : une histoire de campus avec du cul, des meufs bonnes de chez bonnes, pas farouches et qui adorent s’éclater avec n’importe qui. Ils picolent, ils prennent tous de la drogue et passent leur temps à faire la fête. C’était ton rêve quand tu étais étudiant mais bon, c’était moins open et puis fallait pas rater les examens quand même.

Le film va te faire marrer, tu vas adorer toutes leurs vannes et leurs conneries. Dedans, il y a même un dealer sorti tout droit de chez Tarantino, tu pourras le dire à tes potes en quittant la salle.

Et puis surtout, et c’est là, que c’est trop puissant, il y a trois héros, qui ont des problèmes existentiels et putain, tu te reconnais vachement en eux. Le tombeur, Sean, il peut se taper toutes celles qui veut mais il est super amoureux d’une fille encore vierge, Lauren, qui se pose plein de questions sur la vie, les sentiments, tout ça. En plus Sean, c’est vraiment un type cool, il ressemble à Benjamin Castaldi (tu aimais bien mater le Loft avec tes potes le jeudi soir) et il a un poster du mouvement zapatiste de Marcos. Si ça se trouve, il écoute même Manu Chao. Le troisième, Paul, est pédé mais attention respect, tu as lu dans Nova ou Technikart, tu ne sais plus, que la culture gay, c’est super hype. Donc, il cherche aussi le sens de son existence et il est amoureux de Sean. Pas facile, tout ça. Ca te rappelle plein de souvenirs.
Je suis même sûr, qu’à la fin, tu vas dire : « c’est énorme, c’est un pur film, c’est même un film culte ! »