Meilleur groupe vendéen du monde, les Little Rabbits viennent se rappeler à notre bon souvenir grâce à un double album rétrospectif. Définitivement plus drôle que Philippe De Villiers, leur songwriting allumé a donné une bonne petite claque à un rock français, trop souvent perdu entre introspection pleurnicharde et engagement pesant. Chez eux, pas de bons sentiments portés en étendard mais un vrai esprit joueur et faussement glandeur. Les Little Rabbits incarnent une belle idée du cool, réellement dérangé et sauvagement nihiliste. Bref, très loin du jeunisme publicitaire et sans risque qui a envahi la musique.
Leur riche compilation « Radio » qui sort ce printemps ne pouvait bien sûr pas ressembler à un alignement sans âme de morceaux marquants. Si elle résume plutôt bien leur première décennie, elle va plus loin en reliftant les titres publiés sur leurs cinq albums. Ainsi, Jim Waters, leur producteur fétiche et Laurent Allinger, bidouilleur en chef du groupe, ont ré-arrangé les chansons, leur donnant une nouvelle saveur. Les morceaux se retrouvent notamment truffés de bruitages et de dialogues de films ou de séries, sans tomber pour autant dans le délire kitch si prisé aujourd’hui. Au contraire, ces apports permettent aux Little Rabbits d’assumer pleinement leur goût sincère pour la culture populaire, vivante, grouillante et bien plus subversive que l’art académique officiel. Leurs fantasmes d’Amérique, traversée avec le Stetson de travers, dansent toujours au-dessus des clichés sans jamais se vautrer dedans.
Les Little Rabbits vident leur grenier
Après avoir apprécié le nouvel habillage des morceaux les plus connus du groupe (de leur reprise du « Karen » des Go-Betweens à « La grande musique » en passant par tous leurs faux tubes), on se délectera du second disque, rempli jusqu’à la gueule, de raretés et de détournements en tous genres. Des versions alternatives côtoient de réjouissantes b-sides, des chutes de studio issues de différentes sessions d’enregistrement sont également de sortie. Pendant ce carambolage improbable de 75 minutes, on entend des pop songs qui déraillent, des éclats de rock lo-fi enfin débarrassé de tout misérabilisme ou les questions débiles d’un animateur télé. Que du bonheur ! .::Samuel |