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Merci Monsieur Chouraqui
Pas simplement pour le message délivré par le film, l'intérêt ou même l'utilité d'un tel long-métrage, mais pour le réalisme ressenti de Harrisson's Flowers, que certains s'accordent à consacrer comme œuvre magnifique quand d'autres parent leur surprenante indifférence de " déception ".
Harrisson's Flowers, même s'il est inspiré de l'expérience (mais peut-on qualifier un traumatisme d'expérience ?) d'un grand reporter qui a risqué sa vie pour retrouver un ami à l'hôpital de Vukovar, et surtout bien qu'il témoigne de l'horreur de la guerre en ex-Yougoslavie, est avant tout une fiction. Pour le réalisateur, il était hors de question de mêler images d'archives et bobines de cinéma.
Il a eu raison. Et il a eu raison également de se garder des flashbacks abusivement utilisés dans les drames (bien que son film ne soit pas linéaire).
Ils n'auraient pas eu leur place dans Harrisson's Flowers, qui lui-même est un retour sur le drame vécu par les Lloyd au milieu d'une tragédie guerrière.
Synopsis
Harrisson Lloyd est grand reporter de guerre pour Newsweek, a remporté le Pullitzer et en ce début de l'année 1991, il sent que sa chance l'abandonne. Il accepte cependant de partir à Vukovar où se produisent des " accrochages ethniques ".
Quelques semaines plus tard il est porté disparu.
Un choc
Harrisson's Flowers est un film choc.
Les scènes tragiques, la volonté de réalisme et tout simplement peut-être le sujet du film : la guerre, sont bouleversants.
Avec son style relativement épuré il ferait presque penser à La Ligne rouge (on retrouve d'ailleurs Elias Koteas et Adrien Brody qui figuraient déjà au générique du film de Malick), car il nous touche aux tripes. L'utilisation de la musique en est pourtant différente, la construction également.
Tout au long de Harrisson's Flowers, la musique se fait rare, dans la première et bien sûr surtout dans la deuxième partie, quand les bombardements raisonnent dans notre crâne et que le silence apaise (le personnage de Brendan Gleeson le fait d'ailleurs remarquer : c'est pendant cette guerre qu'il a appris que le silence, c'était la paix).
La première partie expose la vie confortable et paisible des héros dans le New Jersey.
La vraie rupture intervient peu après l'arrivée de Sarah à Graz, lorsqu'elle est brutalement immergée dans la réalité de la guerre.
Images chocs d'exécutions sommaires, bombardements sauvages, utilisation parcimonieuse du digital (surtout à la fin du film pour retranscrire l'architecture de Vukovar) avidité de témoignage et désespoir des reporters, Harrisson's Fowers est quasiment la chronique d'une guerre moderne, noyée dans la surmédiatisation pour l'opinion publique et relativement ignorée par les gouvernements occidentaux.
Elie Chouraqui y rend également un poignant hommage aux témoins que sont les reporters de guerre et par là même au devoir de mémoire.
Un beau film
N.B. : Harrisson's Flowers a coûté 64 MF (si ma mémoire est exacte) et a été tourné en République Tchèque après de nombreux repérages en Yougoslavie
.::Sophie |