Après la bonne volonté (Cf. Good Will Hunting), Gus Van Sant se lance sur les traces de Forrester (William Forrester, "that one up there"), et nous entraine dans la quête de l'auteur du roman du siècle, Avalon Landing, couronné par le Pullitzer, et après lequel l'écrivain a renoncé à écrire, ou du moins à être édité.
C'était il y a des années, les années 60, et l'histoire se situe de nos jours, dans le Bronx. Par ailleurs, le héros n'est pas forcément celui que l'on croit. Le dit héros, c'est Jamal, un jeune afro-américain élevé dans le Bronx, qui manie aussi bien (sinon mieux) les mots qu'un ballon de basket. Comme, dans Will Hunting, Matt Damon et Robin Williams, Rob Brown (Jamal) et Sean Connery (William Forrester) vont se croiser, se jauger, et apprendre à s'apprécier. Le scénario est couru d'avance, certes. La trame ressemble comme une jumelle à celle de Will Hunting, du même Gus Van Sant, vous l'avez aussi compris. C'est pareil, et pourtant c'est différent.
Les 2 films jouent sur une confrontation, néanmoins le point de vue n'est pas le même. Et le charme agit, à notre corps défendant, ce qui est encore plus intéressant.
La recette du succès
D'un côté le jeune noir qui vit avec sa mère dans un quartier défavorisé, qui cache son intelligence et sa culture par peur de perdre tous ses copains moins talentueux et plus conformes, aussi, à ce que l'on attend d'eux (des gosses pauvres des rues, donc sans avenir).
De l'autre côté, il y a l'écrivain légendaire, qui vit en reclus depuis des décennies, qui est effrayé à l'idée d'affronter le monde extérieur. Une alchimie fragile qui fonctionne. Peut-être parce que Van Sant sait insuffler un vent magique à son film, y apporter une atmosphère presque envoutante. Ou c'est que le jeu inspiré et convaincant de Rob Brown et celui du vieux renard Sean Connery réussissent parfaitement à nous ensorceller.
Clins d'oeil
Gus Van Sant multiplie les clins d'oeil et c'est avant tout son savoir-faire qui nous séduit. Pas de doute, Finding Forrester est un film bien fait. Bien joué, bénéficiant de dialogues habiles, savamment assaisonné d'humour malicieux, et bien filmé, évidemment. Le réalisateur laisse respirer les acteurs, on a l'impression qu'il les épie à leur insu et qu'il prend le meillleur d'eux. C'est sûrement le cas.
L'échange Jamal/William à propos de la patrie du plus âgé est savoureux !!!
Un joli film, un beau rôle pour Sean Connery, un pied à l'étrier pour le talentueux Rob Brown, une bonne surprise pour le spectateur. Qui s'en plaindrait ?
N.B. : Matt Damon (Will Hunting) fait une apparition dans le film (!)
N.B. 2 : Vous avez peut-être reconnu l'air qui accompagne les dernières minutes du film et que l'on retrouve à la fin du générique. On l'avait déjà entendu dans La Ballade sauvage (Badlands) de Terrence Malick.
.::Sophie |