 | |
Rankin, USA
Lyle vit dans un coin reculé des Etats-Unis, et du reste du monde. Dans une bourgade profondément religieux, intolérant et soucieux d'un traditionalisme stupide et dépassé.
Quand Vernon, son ami d'enfance, auteur à succès, revient dans sa ville natale flanqué d'une sensuelle française, les désirs refoulés de Lyle, la frustration d'un mariage non consommé explosent violemment.
Apologie du désir et du plaisir
Numéro 2 dans la free trilogy, Too much Flesh de Jean-Marc Barr et Pascal Arnold, avec qui l'acteur réalisateur signe aussi l'adaptation et les dialogues, s'annonce comme une apologie du plaisir autant que du désir.
A la base, la bêtise de villageois arriérés
On a convaincu Lyle que son sexe était difforme (trop de chair, Cf. le titre). Il vit (naïvement) ce handicap plus que comme une honte, comme une souffrance. Quand Amy, sa femme qui refuse d'être touchée, se sert du sexe de son époux comme prétexte, Lyle se promène nu dans les champs. Moment de liberté, d'oubli de soi, d'oubli d'un entourage hostile.
A Rankin, mieux vaut coller parfaitement à la norme. Le mode de vis est réglé par les conventions, la religion et l'œil du voisin sont là pour veiller au bon respect des traditions. Amy songe même à avoir un enfant (par insémination) car leur mariage, à la longue, pourrait paraître suspect…
Il faut dire que le fameux mariage, non consommé par ailleurs, a été arrangé afin de regrouper toutes les terres du villages au sein de la même famille. D'où l'hostilité aiguisée du village à l'égard de Lyle (sans compter l'autre raison, la protubérance du héros).
Et Juliette fit son apparition à Rankin
Femme libérée qui libère Lyle, de ses angoisses vis-à-vis de son membre, et de sa frustration en le rendant aux plaisirs du sexe.
Les relations entre Juliette, Lyle et Amy sont profondément humaines, les villageois, leur intolérance, leur hypocrisie sont insupportables autant qu'inaltérables.
Patricia Arquette est formidable en bête blessée par la vie, qui n'attend plus rien et qui a de la tendresse pour son mari, elle qui est plus humaine que tout le village réuni, puritain en diable.
Dogme
Comme Lovers, Too much Flesh suit les principes de Dogme 95, est filmé en numérique (transposé par la suite en 35 mm) avec une volonté de sobriété manifeste.
Et c'est une sobriété qui s'imbrique parfaitement dans la logique du film et le propos tenu. Il n'y a là-dedans aucune vulgarité pourtant, aucun voyeurisme.
C'est une chronique vibrante.
Une chronique sur la liberté sexuelle, sur la liberté de vivre.
C'est beau et touchant. A voir.
.::Sophie |