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Polar ébène
James Gray a revu ses classiques : rien de tel qu'un bon polar noir pour se (re)dorer le blason (en avait-il besoin?). Ce n'est pas Fincher qui commettra le pêché de démentir.
Le concept ne brille donc pas par son originalité (quoique) mais le scénario intelligent, la mise en scène très inspirée de Gray et le jeu sans faute des acteurs élèvent The Yards au rang de film rare, envoûtant.
Pouvoir, politique, corruption, The Yards a pour toile de fond ces liaisons dangereuses.
Alléchant
Mais la grande qualité du scénario est d'être basé sur une intrigue subtilement complexe qui ne sacrifie pas à la psychologie des personnages. Au contraire, les relations entre les protagonistes sont dévoilées avec finesse, Gray jouant à merveille avec les non-dits. Les regards suggèrent bien des émotions, l'amour que Leo voue à sa cousine Erica, l'empressement de Willie auprès de Leo, qui relève plus du malaise (trop appuyé pour être honnête) sont exposés avec délicatesse.
L'efficacité doit beaucoup à l'interprétation. Les comédiens sont criants de vérité. La "vieille garde" (Caan-Dunaway-Burstyn) est exemplaire, quant au trio prometteur Wahlberg-Phoenix-Theron, ils sont tout simplement étonnants.
Joaquin Phoenix en petite frappe qui tente de jouer dans la cour des grands, ambigu, éperdu, lâche, est troublant. Charlize Theron, belle, provocante et fragile, n'a rien à envier à ses 2 partenaires masculins, si ce n'est la longueur de leur texte.
Quant à Mark Wahlberg l'ex bad guy (lui-même ex-taulard), dans le rôle de Leo, il est d'une sobriété poignante. Homme rattrapé par la réalité, puis dépassé par elle. Homme résigné, aux bonnes intentions bien vite balayées par la nécessité de gagner sa vie.
Pourtant à sa sortie de prison, Leo désire sincèrement rentrer dans le droit chemin, "être socialement productif". Erreur de formatage. Il entre dans une "famille" peu fréquentable. C'est l'engrenage.
Quand tout échappe. Quand pour sauver sa peau on est contraint de briser les conventions d'un milieu (A ne pas confondre avec une apologie de la trahison).
The Yards, réactions en chaîne
.::Sophie |