Titre a priori étrange que The Believer pour ce film qui ne manquera pas d'être comparé à American History X (pour le thème, le jeu de l'acteur principal…).
L'élément hautement intéressant, s'il n'est pas fondamentalement différentiateur, c'est l'angle de vue abordé par le réalisateur. Ce film n'est pas tant une dénonciation de l'antisémitisme que l'expression de la difficulté à affronter son appartenance à la religion juive. Du moins c'est l'impression que The Believer m'a donnée. Mais il serait dur d'affirmer tant le film parle de doutes.
Les premières images sont typiques de ce que l'on attend d'un néo-nazi : des poids, des muscles, de la haine. Pas de doute la dessus. Pas de place pour les doutes. Pas de doute non plus lorsque Danny tabasse le stéréotype du jeune juif (profil bas, studieux, soumis).
Et puis les flashes, les souvenirs de sa remise en question de la Tora. La mémoire a la peau dure.
Notre nazi convaincu est juif. De fait il est différent des petites frappes qui composent son club fermé de néo-nazis écervelés. Pour lui, les juifs sont une maladie et administrer une nouvelle forme de solution finale serait le meilleur remède. Du moins il s'efforce d'y croire. Et cela a marché, durant un temps …
Le réalisateur a opté pour une mise en scène sobre et efficace pour appuyer un récit réaliste qui interroge chacun de nous. Actualité de la religion (des religions), fanatisme, extrémisme, The Believer parle de tout ça.
Et de désespoir aussi. Celui né de la quête impossible d'une place, d'une position par rapport à sa religion. Un extrême et son contraire, et aucune position n'apaise Danny. Il a refusé ce qu'il considère comme les incohérences de la foi juive, et il les a refusées parce que justement il croit.
Même la solution extrême ne l'a pas protégé contre sa foi. Il a mal, on a mal.
Le film marche, en grande partie grâce au jeu hallucinant du jeune Ryan Gosling, qui nous fait aimer ce nazi par désespoir, ce gosse qui refuse de se soumettre, ce rebelle respectueux à sa manière.
Je trouve ce film très bon parce qu'il aborde des thèmes passionnants, même pour ceux que la religion n'a pas toujours passionnés, et il aborde ces thèmes avec courage et sensibilité.
Peut-être aussi avec désespoir, ce désespoir qui fait que, entre le bœuf et l'agneau, Danny ne peut se résoudre à choisir et finit par être les 2.
Et nous laisse avec nos questions sans autre réponse que " nothingness ".
.::Sophie |